Amis russophones, Русскоговорящие друзья,

L’histoire millénaire qui nous relie, de Paris à Moscou en passant par toutes les capitales d’Europe, fait de nous des frères de sang et des cousins d’âme. Nous nous sommes écharpés du temps de notre enfance, de notre jeunesse, comme de jeunes vandales non encore éduqués. Nous nous sommes aimés sur le pas de nos monarques et princesses qui ont cent fois croisé leur destin. Nous avons marché ensemble, côte à côte, pour sauver l’un des nôtres victime du fanatisme, de la malchance ou de la main d’un tyran. Nous avons ri, pleuré, transpiré, saigné ensemble, au gré des ondulations de nos nations respectives, mais l’émotion pour chacun d’entre nous a toujours été la même. Quelque soit l’identité dont nous affublent les administrateurs et les pouvoirs, nous sommes d’une même famille, géographique, historique et spirituelle : nous sommes des Européens. Démocrite est notre père, Marie Curie notre mère et nous avons pour oncles et tantes, les Molière, Shakespeare, Cervantes, Dostoïevski , Bach, Rameau, Rossini, Mozart, Michel-Ange, Brueghel, Rembrant, Kandinsky, Einstein, Marie Laurencin, George Sand, Sophie Kovalevskaïa et autre Hannah Arendt…

De cette histoire commune, de cette pensée qui nous guide, de cette civilisation que nous avons construit ensemble, de cette beauté que nous avons créée, de cette science et de cette puissance sans pareille… est né un sentiment qui nous réunit au-delà de tous nos désaccords, de nos intérêts nationaux, de nos querelles familiales : l’amour.

Nous vous aimons peuple russe, autant que vous nous aimez, autant que nous aimons tous les peuples de l’Europe, qu’ils soient ukrainien, catalan ou breton, qu’ils soient juif, musulman ou chrétien, qu’ils soient vert, jaune ou violacé ! Peu importe la folie de nos dirigeants, les Hitler, Staline, Mussolini ou Franco, peu importe qu’ils nous disent communistes, capitalistes, libéraux ou socialistes, nous sommes frères et aucune haine n’étouffe nos cœurs civilisés.

Peuples russes, ukrainiens, slaves, celtes, maures ou saxons, débarrassez-vous des fanatiques qui vous gouvernent de si misérable façon, qui ensanglantent vos terres et sacrifient vos enfants ! Évincez les tyrans, despotes et dictateurs ! Prenez le pouvoir sur vos vies et rejoignez-nous !

Nous vous attendons sous l’olivier de la place de Mai, le vin est servi, les fruits sont mûrs, les musiciens sont là, la fête de la fraternité retrouvée s’appelle Liberté !

Joconde arméeМы связаны с вами нас связывает тысячелетняя история, от Парижа до Москвы и всех столиц Европы, делает нас кровными братьями и двоюродными братьями души. Мы оставили шрамы со времен нашего детства, нашей юности, как молодые вандалы, еще не получившие образования. Мы любили друг друга по стопам наших монархов и принцесс, которые сотни раз смешивали свою судьбу. Мы шли вместе, бок о бок, чтобы спасти те из нас, жертв фанатизма, невезения или руки тирана. Мы смеялись, плакали, потели, истекали кровью по прихоти ряби наших народов, но эмоции для каждого из нас всегда были одинаковыми.

Какова бы ни была идентичность администраторов и властей, мы принадлежим к одной семье, географической, исторической и духовной: мы европейцы. Демокрит – наш отец, Мария Кюри – наша мать, и у есть для дядей и тетушек, Мольер, Шекспир, Сервантес, Достоевский, Бах, Рамо, Россини, Моцарт, Микеланджело, Брейгель, Рембрант, Кандинский, Эйнштейн, Мари Лорансен, Жоорж Санд, Софи Ковалевская и другие Ханна Арендт…

Об этой общей истории, об этой мысли, которая направляет нас, об этой цивилизации, которую мы построили вместе, о той красоте, которую мы создали, об этой науке и об этой беспрецедентной силе… родилось чувство, которое объединяет нас за пределами всех наших разногласий, наших национальных интересов, наших семейных ссор: любовь.

Мы любим вас, русские люди, так же, как вы любите нас, так же, как мы любим все народы Европы, будь то украинские, каталонские или бретонские, еврейские, мусульманские или христианские, зеленые, желтые или пурпурные! Какое бы безумие не творили наши лидеры, Гитлер, Сталин, Муссолини или Франко, независимо от того, говорят ли они вам коммунисты, капиталисты, либералы или социалисты, вы наши братья, и никакая ненависть не душит наши цивилизованные сердца.

Русские, украинские, славянские, кельтские, мавританские или саксонские народы, избавьтесь от фанатиков, которые правят вами таким несчастным образом, которые окровавляют ваши земли и приносят в жертву ваших детей! Изгнать всех этих тиранов, деспотов и диктаторов! Возьмите власть над своей жизнью и присоединяйтесь к нам!

Мы ждем вас под оливковым деревом площади Де Май, вино подается, плоды созрели, музыканты там, праздник братства называется : свободы!

 

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Nucléaire, vaccination… La tentation du surhomme

« Jamais la crainte du pire n’a retardé longtemps l’humanité »
Marcel Boiteux – Patron d’EDF – Sciences et vie, 1974

Au cours des années 1960, la droite française au pouvoir, celle de M. Charles De Gaulle, Pompidou, puis plus tard celle de Giscard d’Estaing, a opté pour le tout nucléaire. Les bombes pour la défense, les centrales pour l’électricité. A aucun moment il n’a été demandé l’avis des citoyens, comme en Italie, pour entamer et mettre à bien cette irréversible transformation énergétique quand bien même des manifestations anti-nucléaires se multipliaient dans le pays,, parfois réprimées par la violence policière. Les élections au suffrage universel faisant office de blanc-seing pour les gouvernements successifs, la social-démocratie (Mitterrand assumant dignement l’intérim entre Giscard et Chirac) a donc créé sur le territoire, en toute impunité, 170 installations nucléaires dont une soixantaine de réacteurs, faisant de l’un des plus beaux pays du monde un espace potentiellement inhabitable pour les générations futures.

https://www.ecologie.gouv.fr/installations-nucleaires-en-france

L’accident nucléaire est impossible en France, comme l’a joliment montré celui du 13 mars 1980 à Saint-Laurent-Nouan qui faillit effacer le Loir-et-Cher de la carte, tuer la Loire pour quinze mille ans et peut-être transformer Orléans en une ville fantôme. Cela n’arrivera pas parce que les ingénieurs, techniciens et décideurs d’EDF sont très forts, très très forts, bien plus forts que les amateurs ukrainiens de Tchernobyl ou que les demi-moelleux nippons de Fukushima. Eux, les Français, savent maîtriser les tempêtes, les canicules, les tremblements de terre, les attentats, la folie humaine, la contrainte sociale et la malchance ! Ils sont de type I sur l’échelle de Kardachev et aspire au type II avant la fin du siècle ! Le président lui-même, gagneur parmi les gagneurs, nous le dit : le nucléaire français est le plus sûr du monde, nous avons en France les meilleurs experts dans le domaine et l’état veille en permanence à ce qu’aucun critère de sécurité ne soit à aucun moment négligé. Les blessés de Penly comme les vingt-sept accidents et les milliers d’incidents recensés depuis le début de cette aventure ne pèsent pas le millième de l’illusion dont font preuve ces chantres d’une science infaillible et d’une technologie salvatrice.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_nucl%C3%A9aires

Fort de cette conviction puérile, Monsieur Macron souhaite aujourd’hui relancer la filière en construisant six EPR et une volée de petits réacteurs de campagne pour les zones qui échapperaient encore au massacre. La demande d’électricité va exploser dans les décennies à venir, nous dit-on (voitures électriques, pompes à chaleur, climatiseurs, remplacement du pétrole…), nous n’avons pas d’autre choix. Là encore, il n’y a pas d’alternative ! En réalité, ce qui risque d’exploser, ce sont davantage les quarante réacteurs dont l’âge atteint ou dépasse les quarante ans ! Les cuves, construites pour douze mille cycles, dixit Marcel Boiteux le bien nommé, patron d’EDF entre 1967 et 1979, ont atteint aujourd’hui cette limite. La perte de ductilité qui en découle, qui se traduit par des fissures de plus en plus nombreuses, s’accompagne d’une moindre rigueur des employés soumis à l’augmentation constante des contraintes économiques (sous-traitance en chaîne, déconsidération des ouvriers, vieillissement des cadres, demande croissante d’électricité). Comment imaginer avec ce scénario que nous échapperons à l’accident ?

Ce qui va également exploser, quoi que l’on fasse, ce sont les coûts. Le nucléaire est un gouffre financier sur le long terme autant qu’une tragédie pour le vivant. Les coûts de gestion et de réparation dans l’hypothèse d’un seul accident nucléaire, comme ceux du traitement des déchets ou des démantèlements qu’il faudra bien faire un jour, dépassent très largement l’argent dépensé dans ce nouveau plan d’investissement imbécile, quand bien même le budget annoncé serait multiplié par dix. Les vingt milliards d’euros de Flamanville ne représentent en effet qu’un pourboire par rapport à ce qu’il faudra dépenser en cas d’accident majeur à Nogent-sur-Seine, au Blayais ou à la centrale du Bugey.

https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/cout-economique-accident/Pages/2-cout-economique-pour-2-scenarios.aspx

L’industrie nucléaire est une erreur. Un choix immature et tragique fait par des égoïstes qui n’auront jamais à en assumer les conséquences puisque la plupart des initiateurs sont aujourd’hui décédés. C’est une option stupide pour trois raisons : l’accident majeur est inévitable, les coûts d’une « sortie » du nucléaire avant 2100 sont intenables par les seuls travailleurs français et la gestion des déchets sera encore d’actualité dans dix millénaire ! On peut affirmer dès aujourd’hui sans aucun pathos que la France et ses habitants sont perdus pour l’humanité.

Nous pourrions alors nous consoler en pensant que l’erreur d’une nation serve d’exemple aux autres et évite que toute une génération de terriens s’engouffre d’un même élan dans une technologie présentée sous son seul aspect jouissif, occultant ou refusant consciencieusement les « externalités négatives » dérangeantes et assassines. Mais non, nous sommes des dieux et par-là même invincibles, la nature fera ce que nous exigeons d’elle !

Ainsi la planète entière s’est faite vacciner comme les Français jadis ont accepté le nucléaire, pour continuer à aller au restaurant. Même les Italiens qui avaient su ne pas s’engager dans le nucléaire grâce au référendum de 1987 (le seul qui ait existé dans le monde sur l’adoption de cette technologie), ou les Suisses et les Danois qui en étaient sorti très tôt, se sont laissés séduire par le miracle vaccinal. Puisque c’est moderne, innovant, scientifique, c’est bien et les Cassandre sont des pleureuses qu’il faut jeter sans ménagement en prison. Sauf que, dans la mythologie, la fameuse Cassandre disait vrai et le drame prédit survint bel et bien, ne laissant que ruines et cadavres sur la Terre, y compris ceux des assassins de l’augure !

Rien ne nous assure en effet que les vaccins fabriqués et administrés à la hâte, non testés selon les normes habituelles, ne provoqueront pas dans dix ans un Tchernobyl vaccinal ou dans vingt ans un Fukushima médical ! Rien. Nous maîtrisons la technologie à « ARN messager » autant que nous maîtrisions le nucléaire en 1960. Comme la fission, le vaccin est présenté sous la face d’une technologie parfaite qui permet à l’homme d’abuser la nature, dans sa plus profonde intimité, celle de la création même, de l’agencement atomique et de l’ADN. La prétention, ici, est de faire de l’homme un surhomme capable de vivre hors sol, hors monde, hors univers, dans un espace aseptisé qu’il se serait lui-même construit. Là encore, ceux qui nous alertent sur la dangerosité de la technologie sont bâillonnés. De simples journalistes de médias financés par les plus grosses fortunes ou par des gouvernements à leur solde se permettent de remettre en cause l’analyse de spécialistes de renom comme les professeurs Didier Raoult et Christian Perronne, la généticienne Alexandra Henrion-Caude ou le biologiste moléculaire Robert Wallace Malone.

https://www.youtube.com/watch?v=z6HWAoXfFjk

Évidemment, ce fol dessein d’une humanité « augmentée » et toute puissante n’adviendra jamais, pas plus que le monstre du Docteur Frankenstein ne fut viable ou que le Golem ne détenait la Vérité. Tout cela est du pur fantasme de jeunes immatures qui jouent les apprentis sorciers sans n’avoir rien encore expérimenté de la vie. Car la vie est immensément plus complexe dans un papillon qui se pose sur une fleur que dans le plus sophistiqué des laboratoires scientifiques que l’homme ait pu concevoir. La connaissance ne passe pas uniquement par le démontage du vivant, aussi minutieux soit-il, la vie n’est pas une mécanique. Nous voyons ce que cela donne pour l’agriculture industrielle, pour l’éducation de masse, pour la politique elle-même : la nature ne se remplace pas ! Le blé cultivé sur des sols artificiels, pourtant étudiés et amandés avec une précision extrême, ne donne au final qu’un produit qui ressemble à de la farine, qui en a la couleur et la texture, mais qui ne nourrit pas. Pire : cet ersatz alimentaire est de plus en plus refusé par le corps (allergies multiples), il entretient l’obésité et s’accompagne d’une quantité croissante de poisons (pesticides, désherbants…) qui tuent la vie au lieu de la garantir. Le lait, la viande, les œufs produits industriellement sont du même acabit. L’éducation de masse qui refuse la diversité ou la démocratie qui ignore les minorités sont de semblables naufrages, ils n’apportent à l’humanité que maladies, désespoirs, inégalités et violences. Belles réussites dont nous pouvons être fiers ! Et nous pourrions ajouter à la liste le numérique des « startupers » et de la « high tech » qui isole plus qu’il ne relie, la densification urbanistique vantée par les disciples de Le Corbusier (cité Radieuse) et de Ricardo Bofill (espaces d’Abraxas) qui rendent les villes nouvelles inhabitables ou encore les usines médicales que sont devenus nos hôpitaux… La conscience et l’éthique ont cédé la place aux mathématiques et à la robotique, l’anthropocène n’aura été qu’un fulgurant fiasco.

Nous l'avons fait

Image extraite du film "L'armée des 12 singes" de Terry Gilliam

Dans ces deux « avancées » du nucléaire et de la vaccination contre la COVID, nous observons les mêmes démarches trompeuses :

- La non-responsabilité : Comme le Price-Anderson Act aux USA ou la loi du 30 octobre 1968 en France qui limitent la responsabilité civile des exploitants en cas d’accident nucléaire, les laboratoires ont exigé la signature d’un accord de non-responsabilité avec les états avant de leur livrer les vaccins (l’Algérie qui a refusé n’a pas obtenu de vaccin). Pierre Mailhe avait justifié cette démarche, le 17 octobre 1968 à l’Assemblée, en arguant que la législation qui s’attache aux activités exceptionnelles, « dépassant les données connues ou à peine explorées de la science », doit être exceptionnelle et dans une large mesure dérogatoire au droit commun de la responsabilité.

- La non dangerosité : Il n’y a aucun risque, disait-on en 1960, le nucléaire était même bon pour la santé à petite dose ! La sécurité est absolue, les centrales ne sont rien d’autre que de grosses « cocottes minute », tous les dangers sont identifiés et contrôlés… pouvait-on lire dans la presse des années qui ont précédé Tchernobyl. Les vaccins sont du même ordre, on argue d’un rapport bénéfice-risque avantageux, de vies sauvées, d’une technologie plus maligne que le virus, d’effets secondaires acceptables… Le fait est qu’aucun débat sérieux n’a jamais eu lieu en France, ni sur le nucléaire, ni sur la vaccination.

- L’absence d’alternative : La formule « Nous n’avons pas le choix » est répétée en boucle dans les deux domaines. Dans le premier, c’est soit le nucléaire, soit l’effet de serre et l’asphyxie, soit la « lampe à huile » ; dans le second, c’est soit la vaccination, soit l’hospitalisation en soins intensifs, soit la mort… L’idée que nous pourrions faire autrement est bannie. Il n’y a pas d’autre façon de faire, de vivre, de se comporter, seule la soumission à cette technologie innovante peut nous sauver !

http://www.dissident-media.org/infonucleaire/tchernoblues2.html

Bella et Roger Belbéoch ont montré que si les Français avaient choisi, plutôt que leur parc nucléaire, des centrales électriques au charbon, au fioul et au gaz, la pollution émise n’aurait augmenté que de 2%. Partant du principe évident qu’il n’existe pas de solution uniquement positive et valeureuse, que toute activité humaine implique des déchets dont il faut s’occuper, c’est à partir de ces déchets que nous devons raisonner et non à partir des seuls avantages. La différence dans le cas de l’énergie réside dans le fait que le réchauffement climatique est réversible et que nous pouvons agir sur d’autres leviers pour réduire la pollution atmosphérique : baisse de la consommation, limitation des transports par une meilleure proximité production-consommation, réduction de l’élevage… Alors que la radioactivité, elle, est ineffaçable. Les terres radioactives autour de Tchernobyl et de Fukushima le seront encore dans 3000 ans !

Si le vaccin à ARN messager s’avère un cheval de Troie cellulaire qui fait se multiplier les problèmes neurologiques, les cancers ou les maladies auto-immunes comme le craint Robert Malone, l’un de ses concepteurs, que ferons-nous ? La majeure partie de la population étant touché, qui s’occupera des malades ? Qui maintiendra à flot les entreprises, le commerce, l’organisation collective ? De très nombreuses femmes enceintes ont déjà perdu leurs enfants suite à la vaccination, que nous faut-il de plus pour nous convaincre du risque encouru ? La prudence aurait voulu que l’on ne vaccine que les personnes risquant de développer des formes graves de la maladie, que l’on soigne les biens portants avec les médicaments existants pour voir si ceux-ci suffisaient, que l’on fasse confiance aux médecins plutôt qu’aux laboratoires et surtout que l’on accepte que certains d’entre-nous ne se vaccinent pas. Demain, peut-être seront-ils les seuls à pouvoir sauver l’humanité !

Le principe de précaution inscrit dans la Constitution française en 2005 avait vocation à empêcher ou à freiner ce type de délire sciento-fanatique mais nos gouvernants se sont assis dessus sans qu’aucune institution ne s’en émeuve… Nous allons payer très chère cette légèreté d’adolescent : au réveil, le rêve aura à coup sûr l’odeur du cauchemar. Dommage car nous avions tout ce qu’il nous fallait pour vivre ensemble dans un bonheur éternel, nous avions la Terre et sa Nature inestimable, nous aurions dû nous en contenter et ne pas tout gâcher par orgueil. Babylone se lézarde, continuons de danser dans les jardins pendant qu’il en est encore temps !

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Covid et châtiment

Beaucoup de théories complotistes circulent autour de l’épidémie du COVID mais bien peu d’entre elles, sinon aucune, ne seront validées par l’histoire. Le virus n’est pas une création humaine sortie par négligence ou volontairement d’un laboratoire ; la crise n’est pas devenue le prétexte pour les puissants d’accélérer la mise en œuvre de leurs projets ; les confinements 2, 3, 4 et couvre-feux n’ont pas été programmés de longue date afin de contrôler et d’étouffer pour des décennies la parole citoyenne ; les gouvernants n’utilisent pas la crise pour imposer des régimes totalitaires en lieu et place des anciennes démocraties… etc, etc. Tout cela est faux bien entendu, les experts de tous ordres nous le prouvent jour après jour et les premiers de classe nous expliquent, preuves à l’appui, combien nous nous trompons en donnant un gramme de croyance à ces hérétiques superstitions.

https://www.strategies.fr/actualites/medias/4043674W/les-10-fake-news-les-plus-repandues-sur-le-covid-19.html

A coup sûr, les scientifiques envoyés en Chine pour enquêter sur l’origine du virus désigneront, pour peu qu’ils en désignassent un, quelque pangolin aux ailes de chauve-souris et aux yeux de castors laineux comme responsable de la fatalité. Quant aux vague de licenciements, faillites des petits commerces, atomisation de la culture, mise sous stress-permanent des populations… elles sont la faute de ce satané virus à couronne mais certainement pas des têtes pareillement chapeautées que nous avons élues. Et ne croyez pas que les confinements sont un moyen facile de faire taire les oppositions, et d’empêcher le débat puisque, chaque fois, les médias se sont relayés avec un remarquable empressement pour promouvoir la juste parole. L’honnêteté de ces médias ne peut, par ailleurs, être mise en doute puisque elle se trouve garantie par les propriétaires des grandes chaînes qui n’ont, comme vous le savez, aucun lien avec ceux qui nous gouvernent, ni ne montrent aucune sympathie avec l’oncle Schawb ! Que dire encore de ces prétendues dérives totalitaires quand toutes les actions mises en œuvre le sont dans le seul but de nous protéger contre le terrorisme viral de ceux qui nous veulent du mal ?

https://fr.weforum.org/platforms

Évidemment les chagrins diront qu’en un an nous avons perdu toutes les avancées sociales dont la prébende avaient nécessité plus d’un siècle de combats syndicaux et politiques, que les 35 heures sont mortes, que les congés sont désormais au bon vouloir des patrons, que le télétravail sept jours sur sept et le temps partiel selon les besoins deviennent non opposables sinon obligatoires et que sous peu on nous demandera de réduire nos salaires par solidarité avec ceux qui massivement perdent les leurs. D’autres nocifs avanceront que l’état d’urgence est devenu permanent avec des prérogatives policières renforcées, que le fichage de la santé des individus est désormais autorisée, annonçant que certains usages ou emplois en dépendront bientôt, que le couvre-feu et le masque s’imposent comme un état de fait pour les temps à venir ou qu’une attestation ou le chargement d’une application de localisation en temps réel est nécessaire pour se déplacer. Les plus sinistres contesteront que la culture nous manque alors que Netflix, Canal Plus et C8 en offrent avec abondance, que les concerts nous manquent alors que la musique peut très bien s’écouter en faisant son jogging sur un tapis roulant entre le lit et la gazinière, que le bistrot du coin nous manque alors qu’on peut tout aussi bien boire une bonne bière en visio-conférence avec ses potes dans un vieux pub irlandais de synthèse, que les magasins de quartier nous manquent alors qu’on vous livre tous vos désirs directement à domicile… etc. Rappelons au besoin que tout groupement de plus de deux personnes est un risque majeur de développer un dangereux cluster de variants tueurs d’innocents. Non, toutes ces affabulation ne sont que fake news, théories du complot et racisme anti-riches. Tout va bien, le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour nous sauver la vie, et si certaines de vos relations proches de l’entourage de ceux qui nous gouvernent vous ont annoncé les confinements plusieurs mois à l’avance alors que les décisions n’ont officiellement été prises que quelques jours avant le début de chacun d’eux, ce n’est qu’un hasard, une simple coïncidence ou l’enchantement de quelque suppôt de Satan qui vous tangente l’esprit.

En fait, peu de crime sont commis sans motif. Dès lors, si l’on suspecte une agression, il faut en chercher la raison et, si l’on veut identifier les coupables, regarder dans les faits à qui profitent les bouleversements que cette violence entraîne.

Marée noireQuels sont donc les changements que cette épidémie nous impose ?

1- Un cloisonnement plus important de la population, des individus reliés virtuellement, se déplaçant peu et consommant principalement via des plateformes contrôlées par les multinationales. Une prédominance des dinosaures informatiques par lesquels toute l’information circulera bientôt. Une information évidemment triée pour drainer les consommateurs vers les principales enseignes et soumettre la connaissance à la parole institutionnelle. Un accroissement de la densification urbaine et des contraintes de mobilités, sous couvert d’écologie (ZFE, contrôles techniques, taxes…). Une désertification des campagnes (administration, transports et services de santé absents, normes de constructions individuelles extrêmement coûteuses, PLU et PADD hyper restrictifs…) ou une puissance des communications rendant toute action et production humaine connectable.

2- Une disparition des opérateurs indépendants au profit de grandes chaînes commerciales, de magasins franchisés ou soumis à l’actionnariat. Des restaurants, bars et petites enseignes en faillite bientôt rachetés à bas prix par les grandes chaînes exemptées de confinement. Des artisans laissés sur le carreau bientôt réembauchés, façon Uber, par les grands trusts planétaires largement épargnées par la crise. Des théâtres, libraires, cinémas indépendants ruinés et bientôt « sauvés » par les cadors du secteur à la condition de se soumettre aux désirs des actionnaires qui les financeront. Un système de santé défiguré par la crise, bientôt offert aux fonds vaccinaux illimités des grandes firmes pharmaceutiques.

3- Un amoindrissement des classes moyennes et un creusement du partage des individus en deux entités bien distinctes : les travailleurs et les financiers. Des riches bien décidés à détruire l’électorat éduqué qui valorise encore la démocratie et la solidarité pour ne garder que des individus impulsifs dont l’individualisme aura valeur de liberté. Bientôt, ceux qui détiennent des finances pencheront alors vers les gens de pouvoir en se disant qu’ils en font partie, les autres se partageront en deux camps, les grognons qui trouveront du réconfort dans quelque parti inoffensif de grandes gueules et les moutons à l’américaine, ne votant pas, ne faisant pas de politique, convaincus que leur sort ne dépend que d’eux-mêmes. Pourquoi ensuite maintenir un système électoral que plus personne ne revendiquera ?

4- Une destruction scrupuleuse des acquis sociaux qui se traduira à terme par un revenu minimum universel de survie que viendront compéter les périodes de travail. Bientôt le statut de base pour le travailleur sera celui de l’auto-entrepreneur, intermittent rémunéré sous forme de prestations de service, et, côté employeur, celui de l’entreprise virtuelle de type plateforme, axée sur la mise en relation de l’offre et du besoin avec production à la demande des consommables par des sous-traitants à bas coûts, asiatiques dans un premier temps, africains demain.

5- Une robotisation et une numérisation de la société qui va permettre à ceux qui gèrent les réseaux d’avoir une vision exhaustive des usages, des besoins et des désirs des individus et d’y répondre en un temps minimum. Cela concerne la sécurité en premier lieu où il s’agit d’observer mieux que ne le faisait la Stasi les gestes et les pensées de chaque citoyen afin d’anticiper toute atteinte à l’ordre nouveau. Cela concerne évidement la consommation en rapprochant le plus possible l’achat du désir jusque, là encore, faire que la dépense anticipe la volonté. Cela concerne l’éducation, avec le renversement du rapport enseignant-enseigné, le second devenant client du premier et non plus usager d’un bien commun. La culture et l’information, également, centralisée et diffusée non pas dans le but de servir le citoyen mais de satisfaire l’ambition celui qui les détient. La santé, encore, avec la mise en place de soins obligatoires, du parcage immédiat des brebis galeuses dangereuses pour la nation et d’une incitation à l’euthanasie pour les plus inutiles, résidents des Ephad, des prisons et des hôpitaux psychiatriques.

Le Christe en gilet jaune

Le Covid aura donc en moins de deux ans permit aux plus riches d’entre-nous, actionnaires des multinationales, dirigeants des grandes entreprises et possesseurs de l’essentiel du patrimoine foncier de la planète, curieusement épargnés par la crise économique, d’accélérer grandement la marchandisation du monde en neutralisant tous ceux qui la gênaient encore : exit l’opposition de gauche, les syndicats, les droits de l’homme et autre principe de précaution, exit les petits commerçants et artisans, exit les indépendants, les électrons libres et les libres penseurs, exit l’écologie et l’humanisme… vive le capitalisme du XIXe siècle et sa féodalité bourgeoise ! Ceux qui prétendent qu’on se dirige plus vers les pires sociétés décrites par George Orwell, Aldous Huxley, ou autres Ray Bradbury, se trompent : nous y sommes, en plein, et d’une façon beaucoup plus pragmatique ! Le développement des réseaux, les restrictions sociales consenties et le faux argument du libéralisme ne font qu’amplifier une démarche enclenchée à l’aube des années 90. Le rêve des maîtres de reconstruire le paradis perdu d’une aristocratie toute puissante nourrie par un peuple esclave est en train de se réaliser grâce la providence de cette épidémie opportune et tout à fait bien venue, contre laquelle, de surcroît, aucune opposition politique ne peut rien.

Alors, s’il vous plaît, n’allez plus dire que le gouvernement ne fait rien ! Les centaines de lois, décrets et arrêtés votés lors des confinements témoignent d’une conscience aboutie et d’une volonté tout à fait assumée. Néanmoins, si vous ne faites pas partie des héritiers dont la richesse financière est suffisante pour entrer dans le club restreint des actionnaires, dites-vous que l’histoire a toujours rendu aux enfants des esclaves des armes suffisamment tranchantes pour décapiter ceux qui exploitaient leurs pères. Souffrez en paix mes frères et aiguisez vos lames au fond des caves !

 

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Sortie de guerre

Les fins de guerre sont toujours propices à la maturation des esprits et aux évolutions sociales, elles sont des ruptures entre le monde d’avant qui a amené au conflit et le monde d’après du « plus jamais ça ». Le 8 mai 1945 a donné naissance, en France, à une politique de gauche inspirée de la philosophie progressiste du Conseil National de la Résistance et des aspirations communistes. Le Front populaire avait tracé la voie : baisse du temps de travail à 40 h hebdomadaire, deux semaines de congés payées, hausse de 12% des salaires, allocations chômage… Le Gouvernement provisoire ajoutera la Sécurité-sociale, les allocations familiales, le vote des femmes… Mais c’est surtout dans les esprits qu’il faut lire le plus grand bouleversement. Le travail, l’éducation, le rôle social des femmes, la place des vieux, la colonisation, l’économie, la guerre… dans tous les domaines, les conceptions qui primaient avant le conflit se sont affaissées pour donner de l’espace aux innovations. La technologie bien sûr a changé, le commerce, les modes de production mais aussi les relations humaines, y compris sentimentales. Le rapport au vivant n’est plus le même et le regard que l’on porte aux Dieux créateurs s’est modifié. Toute guerre s’achève sur une maturité des consciences et une émancipation des individus comme la vague sur la plage se termine en écume.

Puisque notre président a situé la crise du coronavirus dans le registre de la guerre, nous pouvons légitimement penser sa fin comme une sortie de guerre. Qu’auront appris les consciences de cette tourmente existentielle ?

Sur le plan purement médical, l’ancien monde a imposé une démarche d’innovation qui n’a pas fonctionné face à l’épidémie. Alors qu’il était tout à fait possible de soigner les malades avec des médicaments déjà existants et à faible coût, les dirigeants ont choisi la fuite en avant technologique. La recherche d’une nouvelle molécule (dont l’inventeur serait le seul dépositaire, avec tout le pouvoir et tout l’argent pressenti) a été préférée à celle d’un dépistage de masse et d’un soin systématique par la chloroquine (ce qui n’aurait donné aucun pouvoir à personne et ni enrichi personne). Cette attitude qui est la marque, on ne peut moins emblématique, du libéralisme veut que toute richesse naisse d’une innovation.

https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/didier-raoult-parle-sur-bfmtv-revoir-l-entretien-en-integralite-1243716.html

Sur le plan économique, la crise nous a montré combien nos entreprises, de la plus importante à la plus microscopique dépendaient de l’approvisionnement étranger. Un simple virus, certes virulent mais pas plus mortel à l’échelle de la planète que les suicides, a pu ainsi mettre à mal tous les secteurs de l’économie. Nombre de sociétés jusque là bien portantes et rentables vont bêtement faire faillite après quelques semaines seulement de blocage. Évidemment, plus une économie est tendue, inter-dépendante et sans ressources propres, plus elle est fragile et capable de s’effondrer comme un château de cartes. Là encore, nous sommes dans le libéralisme absolu qui veut que toute activité humaine soit un marché et rien qu’un marché. Songeons alors à ce que serait devenu ce monde interdépendant si le virus avait tué comme la peste bubonique ou la grippe aviaire…

https://fr.statista.com/statistiques/1101676/mortalite-maladies-virus-bacteries/

Sur le plan politique, le désastre n’est pas moins grand. Le gouvernement, isolé dans son donjon, entouré d’une poignée d’experts engoncés dans des pratiques dogmatiques consciencieusement apprises dans les plus prestigieuses universités du monde, celles précisément qui forment les cadres de nos sociétés modernes et donc les responsables politiques, le gouvernement donc se retrouve incapable de comprendre la réalité quotidienne des ses concitoyens. Il ignore les petits boulots, la misère, les équilibres précaires des PME, les nécessités de base d’une population majoritairement fragile, les besoins de soins, l’importance des déplacements, l’effondrement écologique, le prix de choses… Il ignore tout parce qu’il se fie à des amphitryons qui ne rapportent que des moyennes, des statistiques globales, des principes généraux, des nombres… rien qui ne décrit réellement la vie des gens.

https://www.inegalites.fr/L-origine-sociale-des-elus-ne-reflete-pas-la-societe-meme-au-niveau-local?id_theme=18

Sur le plan social, la crise va se solder par un tsunami de licenciements (ceux des faillites et ceux conjoncturels des entreprises qui vont profiter de la situation pour « faire le ménage »), par une paupérisation des pauvres qui voient s’évaporer leur appoint de débrouillardise, un enrichissement des riches qui recentrent leurs investissements sur les nécessités les plus urgentes, un durcissement des conditions de travail et une complexification de la vie domestique. Les institutions publiques battent de l’aile, les 35 heures sont bannies, les congés payées remises aux calendes grecques… demain, les hôpitaux recouvriront leur solitude et le pétrole se remettra à flamber.

Flux tendus, hiérarchies, inégalités de richesse, contrôle des savoirs, féodalisation du monde… Tout ce qui compose l’identité du capitalisme, même repeint à la couleur d’un néolibéralisme salvateur, va partir en vrille. Comme en 2008, la chute sera brutale. Mais, en cette période de recentrement sur soi, chacun peut comprendre que la santé doit être un bien commun gérée par la collectivité ; que la production doit être locale, de proximité, artisanale et modulaire ; qu’aucune décision ne peut être prise sans débat ou être l’œuvre d’une seule tribu ; que l’instruction doit être l’affaire de tous dans un effort commun, solidaire et permanent ; le progrès social est l’objectif immuable et premier de toute humanité et que ce progrès doit se traduire par davantage de loisirs, moins de travail imposé, moins de tracasseries administratives, plus de liberté et une solidarité continue envers les plus démunis.

Toutes ces choses sont sues, elles ont été maintes fois dites et redites. Que ceux qui les ignorent encore relisent les livres de D.Bordon, l’Education assistée à domicile ou l’Abolition de la Richesse individuelle par exemple, et les promeuvent. Ces choses mériteraient d’être comprises une bonne fois pour toutes, adoptées définitivement et surtout mises en œuvre par ceux qui se revendiquent de la Gauche sociale et écologique. La sortie de guerre est l’occasion de cette renaissance, ne la ratons pas !

Abolir la RichesseEducation assistée à domicile

 

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La vérité sur la retraite par points

La retraite par point proposée par la droite est une expansion de la Retraite Additionnelle de la Fonction Publique en vigueur pour les fonctionnaires depuis 2005. Cette retraite additionnelle a été mise en place pour intégrer une partie des primes (importantes pour certains emplois, notamment pour les cadres) dans le calcul de la pension. Le site rafp.fr explique la démarche et tout ce qui s’y rattache.

https://www.rafp.fr/sites/rafp_fr/files/publication/file/plaquette_institutionnelles_2018_-_planches.pdf

En gros, la RAFP est un fonds de pension géré par un établissement public d’administratif (donc par un directeur) lui-même chapeauté par un Conseil d’administration où les riches sont bien évidemment majoritaires. L’ERAFP a d’ailleurs été distingué en 2017 par le prix du meilleur fonds de pension public européen. Son président est un retraité, certes, depuis avril 2019, mais président également du conseil de direction de la Banque de développement du Conseil de l’Europe, ce qui laisse imaginer la façon dont il conçoit le monde.

Comment fonctionne ce système de retraite par points ?

Le travailleur cotise chaque mois une certaine somme sur une part de son salaire (les primes pour les fonctionnaires, plafonnées à 20 % du salaire). La cotisation correspond à 10 % de cette somme. Cette cotisation donne des points, achetés au prix fixé par le gouvernement au moment de la cotisation (1,2317 euros le point en 2019). La retraite prise, ces points accumulés sont convertis en capital au prix de vente fixé également par le gouvernement, moins cher évidemment (1,1964 euros en 2019) . Dans le cas du versement d’une pension, le point est revendu au prorata d’une durée estimée de la retraite (0,04605 euros en 2019) sous forme de rente annuelle. Le retraité retrouve donc sa mise au bout de 25 ans de retraite, à 87 ans, et fait éventuellement du bénéfice au-delà. L’espérance de vie d’un français est, rappelons-le, d’environ 80 ans.

https://www.rafp.fr/le-calcul-de-votre-prestation-rafp

Outre le fait que le gouvernement tire un bénéfice sur la revente du point, argent dont la destination reste une énigme absolue, le fonds gonfle à vue d’œil car les cotisants restent plus nombreux que de pensionnés. Le rapport tourne autour de 1,5. 1,8 milliards d’euros ont ainsi été cotisés en 2018 pour 400 millions d’euros de prestations. Ce surplus alimente donc quotidiennement un fonds dont l’activité première est de spéculer sur les marchés boursiers. Avec des risques bien évidement, et la présence d’un service de contrôle des risques financiers (RFI) au sein de l’établissement témoigne qu’il s’agit bien là de spéculation à risque. Le RFI recrute d’ailleurs au moment où j’écris ces lignes un analyste des risques financiers senior… Puis-je suggérer le nom de Jérôme Kerviel ?

Ainsi, fin 2019, le fonds RAFP gérait près de 35 milliards d’euros d’actifs en valeurs boursières. Où vont les dividendes de cette spéculation qui ne sont pas reversés sous forme de rente au pensionnés ? Mystère. Que se passe-t-il en cas de dégringolade boursière comme en 2008 ? Mystère. La mise en place d’un système généralisé d’une retraite par point pour tout le monde aurait donc ce double objectif d’amener sur les marchés boursiers, donc entre les mains de spéculateurs professionnels (les fameuses banques d’investissement et leurs actionnaires, dont Goldman Sachs reste un emblème tutélaire) des sommes faramineuses d’argent public et d’éviter par là même en cas de faillite le dédommagement des travailleurs retraités.

https://www.senscritique.com/film/Goldman_Sachs_la_banque_qui_dirige_le_monde/8106695

Voilà le véritable objectif de cette réforme et voilà pourquoi les riches vont la mettre en place. Alors, syndicats, partis de gauche, manifestants de toutes les couleurs, au lieu de négocier je ne sais quel aménagement du taux catégoriel de je ne sais quelle branche d’une arrière boutique de la SNCF, balayons cette puanteur comme une vulgaire merde de chien et proposons autre chose au peuple français. Proposons qu’aucune retraite ne soit inférieure au seuil de pauvreté quelle qu’ait été la carrière professionnelle… Ce serait le début d’un rempart à opposer aux soldats de la finance. Les pauvres en ont grandement besoin et, au rythme où nous allons, ne doutez pas que nous serons bientôt des leurs.


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DaVinci business

 

Léonard de Vinci ne serait pas mécontent de la gloire posthume que l’Occident cultive 500 ans après sa mort. Lui, homme d’intrigues et d’affaires que ne renieraient pas les mafiosi de Marseille ou de la City londonienne, savait comme aucun autre à son époque s’immiscer dans les interstices du pouvoir, auprès des puissants pour obtenir un peu d’air et de soleil.

Le talent de peintre de Léonard de Vinci est incontestable mais peut-on dire que ses tableaux mis en avant par la médiatisation de son œuvre et de sa vie sont des chefs-d’œuvre de l’humanité ? La Joconde ? Saint-Jean-Baptiste ? Saint-Anne aujourd’hui ? Un sourire ? Une lumière ? Vous trouverez mille autres tableaux de peintres de cette époque plus enthousiasmants que ceux-là, plus mystérieux, plus lumineux ! Ghiberti, Taccola, Donatello, Uccello, Masaccio, Piero della Francesca et Fra Filippo Lippi… ne valent-ils pas celui qu’ils ont influencé ? Alors pourquoi De Vinci et pas un autre ? Parce que comme Picasso dont la signature a atterri sur une bagnole, Léonard de Vinci est devenu un produit, une marque, une icône commerciale.

Est devenu… Non, lui n’a rien demandé. Quelqu’un quelque part a décidé de fabriquer ce produit marketing à partir de son nom. Ce quelqu’un a construit une légende autour de sa personne et de son œuvre au point d’incruster dans nos pauvres cervelles d’abrutis que la Joconde est un tableau majeur et que tout ce qui existe aujourd’hui a été inventé par Lui, même la bicyclette ! Si si, regardez ! C’est dans son 8e Codex : le Codex fabulum, écrit trois quart d’heures avant sa mort.

Heureusement, certains comme l’historien Patrick Boucheron corrige un peu le tir marketing en coinçant dans l’engrenage médiatique quelques vraies vérités.

https://www.lepoint.fr/culture/on-considere-que-vinci-a-invente-tout-ce-qui-nous-interesse-19-10-2012-1518658_3.php

Il est bon, en effet, de rappeler qu’aucune des « inventions » de Léonard n’a jamais fonctionné et que les canaux de Romorantin restent à construire. Aucune « machine » n’a jamais vu le jour et toutes sont restées à l’état de dessins. Peut-être, comme Platon, est-il victime (et bénéficiaire) du fait qu’on ait retrouvé ses écrits alors que peu de ceux de ses contemporains ont survécu au passage du temps et des guerres.

L’historien Pascal Brioist, membre du Centre d’études supérieures de la Renaissance, nous invite à retenir quelque peu notre enthousiasme : la déification de l’artiste frise la téléologie, qui est cet art de faire comme si on pouvait deviner le futur à partir du passé, explique-t-il dans la presse.

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/48994/reader/reader.html#!preferred/1/package/48994/pub/71054/page/17

Le Codex Atlanticus de Léonard est resté inconnu jusqu’en 1883, année où l’Allemand Jean-Paul Riechter le révèle au grand public. Il apparaît à une époque où l’on cherche à construire le roman de l’Occident, avec des héros mythiques, des surhommes capables de tous les exploits, des savants géniaux et des artistes absolus. La science devient l’opium des élites qui en font la religion matérialiste et laïque des peuples qu’ils gouvernent. Léonard entre alors dans le temple, aux côtés de Platon, Molière, Descartes et bien d’autres pour illustrer la gloire d’une civilisation triomphante. Quid dans cet objectif du parachute chinois ou de l’« orgue d’artillerie » allemand ? Quelle place pour Albert de Saxe, Nicolas de Cues, Villalpand, Bernardino Baldi, Cardan, Bernard Palissy, Robert Valturin ou Jacques Besson ? La Renaissance est italienne, elle s’appelle Léonard.

Pourtant s’il faut fêter la naissance de l’homme moderne, je préfère honorer Francesco di Giorgio Martini, dont Léonard de Vinci a été l’élève, et dont le carnet d’ingénieur recèle nombre de croquis qui ont font aujourd’hui la gloire de la star. Hélas, combien des trop nombreux badauds qui se presseront au musée du Louvre pour l’exposition anniversaire connaîtront les écrits de cet homme ?

 

 

 

 

 

 

 

L’objet Léonard est un signe des temps, celui des médiatisations planifiées, des apparences et du consentement, celui des émotions programmées et du pragmatisme économique. Pressez-vous donc braves gens, bousculez-vous, piétinez-vous, battez-vous pour ces places vendues aux enchères ! La culture est là ! C’est Jeff Koons qui vous le dit.

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40000 fonctionnaires interdits de retraite

1.600.000 retraités vivent actuellement en France avec une pension inférieure au seuil de pauvreté.
Plus de la moitié d’entre-eux ont une pension inférieure à 650 euros mensuels.

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/retraites-je-vis-avec-650-euros-par-mois-et-je-suis-dans-une-misere-noire-temoigne-marie-7777026042

Cette situation concerne tous ceux qui n’ont pas atteint 120 trimestres de cotisation durant leur vie professionnelle. La décote est dans ce cas maximale, elle atteint 25 % de la pension théorique à taux plein. La pension nette reste donc  inférieure à 600 euros, par exemple, pour un salarié touchant 2000 euros par mois et ayant cotisé 25 ans.


A partir de 65 ans, l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) vient normalement à son secours à hauteur de 850 euros par mois. L’équivalent du seuil de pauvreté à 50 % du salaire médian.

https://www.notretemps.com/retraite/actualites-retraite/le-minimum-auquel-vous-avez-droit,i2398

Autant dire qu’aucun travailleur ne peut espérer partir à la retraite avec une pension raisonnable avant 65 ans malgré l’âge légal de départ fixé à 62 ans, ou 57 ans pour les catégories actives.

Il en va de même pour près de 40000 fonctionnaires dont la carrière n’est pas complète, soit qu’ils aient travaillé à temps partiel (pour s’occuper de proches, d’associations, d’ONG…), soit qu’ils sont entrés tard dans la Fonction publique, soit qu’ils aient connus des interruptions de carrière (pour suivre un conjoint par exemple).

Ces fonctionnaires âgés de 57 à 62 ans pourraient prétendre à leur retraite dès cette année selon leur corps d’affectation (actif ou sédentaire). Malgré plusieurs années passées à notre service et celui de l’État, qu’ils soient infirmiers, enseignants ou affectés à l’entretien des routes… ces fonctionnaires ne bénéficient d’aucun minimum garanti et se retrouvent donc avec des pensions misérables.

La conséquence, c’est qu’ils ne partent pas et restent en emploi jusqu’à ce qu’ils atteignent la « limite d’âge », soit cinq années au-delà du droit à pension. A cette condition seulement, un minimum de 1 138,13 € pour 35 années de service leur est par exemple promis en 2019.

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F13300

A l’heure où le gouvernement (comme celui qui l’a précédé et celui probablement qui suivra) souhaite réduire le nombre de fonctionnaires, il s’acharne à maintenir en activité des milliers d’agents arrivés à saturation. Est-ce une attitude intelligente ? Non. Les politiques vont supprimer des postes dans quasiment tous les secteurs et conserver 40000 fonctionnaires qui souhaitent quitter leur emploi ! Ils maintiennent de ce fait en poste des agents en fin de carrière, peu au fait des nouvelles technologie, souvent blasés et démotivés, traînant des pieds face aux changements et aux nouveautés, touchant des salaires au-delà de la médiane et s’empêchent par là même de recruter des jeunes bien formés, motivés et à faible salaire. Économiquement et socialement, le calcul est désastreux : l’État perd à la fois de l’argent (les cotisations sociales versées dépassent largement une éventuelle revalorisation des pensions) et de la productivité.

Garantir à chaque fonctionnaire, au-delà de 15 années de services rendus à la nation, une pension minimale de 60 % du salaire médian (seuil de pauvreté européen), permettrait au contraire de faire des économies, de rajeunir la Fonction publique et d’accélérer les réformes administratives, notamment le passage au numérique.

L’acharnement qu’ont les dirigeants du public comme du privé à maintenir les vieux dans l’emploi et les jeunes dans le chômage n’aura au final qu’un seul résultat, l’accroissement de la violence. Une violence sociale qui fera d’énormes dégâts, tirant toute économie du pays vers le bas, et qu’il serait pourtant si simple de prévenir par un peu d’intelligence et de respect.

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A qui profite le con ?

La société MediaPro, basée à Barcelone mais essentiellement financée par des actionnaires chinois, a décidé d’investir 4,6 milliards d’euros pour les droits de retransmission des matchs de la ligue 1 de football en France. C’est le prix proposé pour les lots 1, 2 et 4 car BeIN Sports, société qatarie, s’est offert le lot 3 pour une  somme de 320 millions et la maison mère de Free, le lot 6 pour 50 millions, une misère ! Entre 2008 et 2024, ce sont donc plus de 12 milliards d’euros qui ont été dépensés dans le foot ! Pourquoi chinois et qataris dépensent-ils autant ? Sans doute parce que cela rapporte davantage en publicité lors des retransmissions mais l’objectif affirmé ici, est avant tout de créer des chaînes de télévision payantes et d’attirer un maximum d’abonnés grâce notamment à la grande couverture médiatique dont bénéficie le football, y compris dans les médias publics qui, eux, n’y gagnent rien.

https://www.eurosport.fr/football/ligue-1/2017-2018/ligue-1-les-droits-tv-vendus-pour-plus-d-un-milliard-d-euros-par-saison_sto6779856/story.shtml

« Pour rentabiliser cette somme, il faudrait à peu près 7 millions d’abonnés à 15 euros par mois » précise l’un des spécialistes de la chose. En comparaison, BeIn Sport qui possède les droits de la Coupe du monde et de l’Euro compte à ce jour environ 3,5 millions d’abonnés. MediaPro spécule donc sur un accroissement notable des cons en France. 7 millions, c’est possible après tout. Cela ne fait guère qu’une personne sur dix, c’est presque rassurant. A terme, cela signifie qu’un con acceptera de payé environ 200 euros par an pour regarder ses idoles intellectuelles.

Olympiades 1936Finalement, si on ajoute cette somme aux dépenses investies dans les jeux de loterie (1,2 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2016 pour 17 millions de joueurs dont un tiers de joueurs réguliers), dans le tabac (15 milliards d’euros pour 13 millions de fumeurs quotidiens), dans l’alcool (20 milliards d’euros pour 6 millions d’hommes et 3 millions de femmes) et le sexe (200 millions d’euros dans la pornographie, 3,2 milliards d’euros dans la prostitution), nous pourrions estimer ce que rapporte au commerce non responsable et bien peu éthique les 7 millions de cons visés.

https://www.planetoscope.com/sante/780-consommation-de-cigarettes-en-france.html

http://www.europe1.fr/societe/alcool-les-francais-boivent-moins-mais-plus-cher-2502387

Un rapide calcul nous montre en effet que le con de base, en survêtement devant sa télé, une clope aux doigts, un verre de whisky-coca aux lèvres, les pieds sur une pile de DVD pornos, un ticket de loto dans la poche… dépense environ 1000 euros par an pour ces subtils petits plaisirs qui caractérisent son statut d’homme civilisé ! Mille euros fois sept millions, cela fait tout de même sept milliards d’euros chaque année. On comprend l’intérêt que leur porte le commerce même si on ne peut l’agréer. C’est de toute façon une bonne en soi chose de faire payer les cons. Comme les riches, les fachos ou les machos… C’est autant de moins à payer pour ceux « qui ont quelque chose entre les oreilles ». Cela dit, ce serait mieux si toutes ces activités étaient davantage surtaxées car le con de part son comportement de cloporte illettré finit par coûter assez cher à la société. Ce serait mieux, non, si l’argent de la connerie n’allait pas aux actionnaires des clubs de foot, aux dealers et aux proxénètes ?

A quoi pourraient-ils servir par exemple ces 7 milliards d’euros ? A titre de comparaison, la branche maladie de la Sécurité sociale est déficitaire de 2,6 milliards d’euros tandis que les infirmières ne cessent de manifester contre la dégradation progressive des conditions d’hospitalisation. Le fonds de solidarité (FSV) est lui déficitaire de 3,8 milliards d’euros. Le FSV, je le rappelle, s’occupe du minimum vieillesse et des cotisations des chômeurs. C’est en partie lui qui finance les activités décrites ci-dessus car beaucoup de nos cons sont aussi au chômage faute d’employabilité et leur retraite n’est bien souvent pas très pimpante.

https://www.capital.fr/votre-carriere/pourquoi-pres-de-300-000-d-offres-d-emploi-ne-trouvent-pas-preneurs-1031257

Sept milliards d’euros, ce serait encore le coût de construction de 175 hôpitaux (pour soignés ces victimes) ou de 200 lycées (pour les instruire un peu). C’est par exemple un million d’années scolaires au prix de 2017 ! En sept ans, nous pourrions donc effacer l’essentiel de la bêtise de notre territoire en faisant que ces sept millions d’abrutis supposés réfléchissent pendant un an au sens qu’ils donnent à leur vie et l’utilité qu’ils apportent au monde. Passer de sept ans de malheur à sept ans de bonheur en quelque sorte… Que deviendrait en effet notre société si le foot n’était qu’un sport de quartier, la cigarette un objet de musée, l’alcool un plaisir contrôlé et le sexe un bonheur partagé ? Qui perdrait à cette évolution et qui y gagnerait ?

Quoiqu’il en soit, la résolution de cette misère tant morale qu’intellectuelle passe inévitablement par une taxation accrue de toutes ces pratiques pour en élever encore le coût jusqu’à ce qu’elles ne soient plus accessibles qu’à un tout petit nombre. Plutôt que de sponsoriser les clubs, les villes ne devraient-elles pas les taxer ? Plutôt que de subventionner les industries de la misère, via des règles fiscales trop globales, les états ne devraient-ils pas les exclure en les taxant davantage ? Plutôt que d’interdire la prostitution, la communauté ne devraient-elle pas la légaliser et la taxer lourdement ? S’il y a urgence à évacuer cette pitoyable humanité de nos perspectives citoyennes, ce n’est certainement pas en mettant en valeur dans tous les espaces le mondial russe ! La gloire d’un dictateur tranquille ne fera pas avancer l’humanitude !

Berlin 1936

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Merci Macron !

Aventure personnelle, une fois n’est pas coutume, ma chronique a trait à l’un de mes voyages à travers la France. Le premier juin dernier j’ai du en effet revenir des Cévennes jusqu’à la capitale, parcours que je pratique depuis de nombreuses années du fait de la répartition géographique de ma famille. Il y a quelques décennies le train qui reliait Paris et Béziers s’appelait le Cévenol, je le prenais Gare de Lyon, à Paris, en début de nuit, il me déposait au petit matin à Villefort en Lozère. J’adorais l’ambiance qui y régnait, c’était un peu comme notre Orient-express à nous, les gens du sud et rien au monde ne nous aurait fait passer par la vallée du Rhône pour rejoindre nos montagnes. J’adorais notamment l’heure du petit-déjeuner, en hiver, lorsque les voyageurs se retrouvaient sur le quai de Langogne, certains encore en robes de chambre, pour une longue pause au milieu des vapeurs du café brûlant. Nous nous racontions des bouts de vie, recroquevillés comme des manchots sur la banquise, autour du vendeur ambulant, et il y avait toujours quelqu’un pour plaisanter de notre situation d’exilés volontaires. La pause durait de longues minutes avant que le train ne reparte fendre la neige des hauts plateaux. Je faisais généralement le retour de jour parce que je n’avais pas envie de me presser de rentrer chez les fous et que la superbe vallée du Haut Allier était un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte. Le train passait à 8h44 à Villefort, atteignait Clermont-Ferrand vers treize heures et Paris en fin d’après-midi.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Cévenol

Au fil du temps, la vie s’est accélérée et plus personne n’a souhaité (mais nous a-t-on un jour demandé nos avis ?) passer autant de temps dans les trains. Le Cévenol s’est donc peu à peu épuré jusqu’à disparaître du paysage ferroviaire. Néanmoins, jusqu’au printemps dernier, deux trains continuaient à relier quotidiennement Nîmes à Clermont-Ferrand et il m’arrivait encore d’utiliser cette ligne pour remonter vers le nord, bien que la liaison TGV Nîmes-Paris ait réduit le trajet à cinq heures. Il en fallait encore de sept par les terres de Vercingétorix. Le 1er juin, donc, je m’apprêtais à prendre l’un des derniers « Cévenol » encore valide, numéroté 73990 selon ma réservation, quand le chef de la séculaire gare de Villefort me dit d’un air de Droopy neurasthénique : Y a plus de train… Comment ça plus de train ? Et mon billet ? demandai-je déjà énervé. Maintenant c’est des autocars ! reprit-il… Loi Macron.

http://www.lesechos.fr/29/02/2016/lesechos.fr/021732923777_six-mois-apres-la-loi-macron–1-5-million-de-voyages-par-autocar.htm

Depuis le début de l’année, en effet, la « loi sur la croissance » libéralise, parmi mille autres choses, le transport sur tout le territoire français, ce qui devrait à terme selon le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, créer des « dizaines de milliers d’embauches ». Cette loi, qui a été validée par l’article 49.3 en juillet 2015, sans accord démocratique donc, permet à n’importe quel autocariste de s’installer sur un secteur et d’y proposer ses trajets. C’est ce qu’on appelle un système libéral : chacun propose ses produits au prix qu’il veut et le client choisit. Sur le papier c’est formidable et moult mathématiciens ont prouvé par A plus B que le marché libre est le plus efficient des systèmes d’échange puisque le consommateur est assuré d’y trouver une satisfaction (une utilité disent les économistes !) à la hauteur de ses moyens. Sauf que sur le terrain, la réalité était tout autre : à Villefort, au cœur des Cévennes, le choix n’était qu’une vue d’alouette.

En me retournant, je vis débarquer sur le parking de la gare un bus d’une société privée où ne figurait aucun logo de la SNCF. C’est lui, me confirma pourtant le chef de gare d’un geste du menton d’où je vis jaillir toute la déception d’une corporation bientôt décimée. Mais il n’y a plus du tout de train, m’enquerrai-je, un peu affolé à l’idée de subir les cent mille virages qui me séparaient de Clermont-Ferrand ? Non… y a plus de train. Je n’en croyais pas mes oreilles : non seulement je ratai le spectacle de l’Allier où seule passait la voie ferrée, raison initial de mon choix, mais je n’avais aucune ristourne sur le prix. Villefort – Clermont en bus, 250 km de virages et bosses ! Que dire sinon que ce voyage fut un calvaire ? Rien à voir avec mon Cévenol : Siège trop étroit, impossible d’allonger les jambes, impossible de lire, de dormir même, de se détendre dans les allées, de prendre un café à la voiture bar… Secoué à chaque virage, à chaque malformation de la chaussée, je dus m’accrocher mille fois pour ne pas tomber dans la rangée … Et comment manger, même un sandwich, dans ce bateau ivre, sans en foutre plein partout ? Virage serré à droite : le bout de tomate vola contre la vitre ; freinage inopiné : le cornichon s’échappa sur ma chemise blanche ; dos d’âne : ce fut le jambon qui prit la fuite… Après deux heures de route, j’étais exténué quand l’envie d’uriner s’immisça tragiquement dans mon cerveau… Oui, je sais, les bus modernes en sont équipés mais ces toilettes sont conçues pour des sportifs de haut niveau, à la fois minces et capables de maintenir une concentration optimale au milieu des pires turbulences, mais pas pour des citoyens normaux, par définition instables et maladroits. J’arrosais naturellement la cabine… Tant pis, c’était bien fait pour eux, après tout. J’avais un peu honte en revenant à ma place, sentiment d’indignité mêlé de lassitude : je pensais à ceux qui iraient après moi et à l’employée polonaise qui devra nettoyer tout ça le soir venu…

Ma correspondance pour Paris était à 13h32, le Cévenol serait arrivé à 13h19, mais à 25, le bus était encore empêtré dans les embouteillages de la nouvelle Gergovie. Le stress monta brutalement dans l’équipage, tout le monde songeait déjà à la difficulté qu’il y a à faire changer un billet à la dernière minute. Le chauffeur sentit ses épaules ployer, il prit la double file, klaxonna à l’italienne, coupa la route aux anti-Macron et nous déposa in extremis devant la gare. Il nous restait à courir comme des garennes effarouchés, ignorant nos semblables et la civilisation toute entière pour sauter, ouf ! sur le marchepied vibrant du wagon salvateur…

Un billet collector !

J’ai réfléchi tout au long de ce parcours initiatique au pourquoi de ce naufrage, je n’ai pas trouvé de réponse. La SNCF ne gagne rien à remplacer ses trains par des autocars sinon à éviter une concurrence qui risquerait de la ruiner. Cela lui coute cher car, n’ayant pas d’autocars, elle est condamnée à sous-traiter le transport aux entreprises qui justement lui feraient cette concurrence. Celles-ci  par contre ont tout à gagner : du travail supplémentaire assuré, au prix du train ! La concurrence, argument majeur de la libéralisation du marché, n’existe donc pas et le consommateur finit par payer le prix fort pour un service  devenu pitoyable. Merci Macron ! Alors je me suis dit que la raison était ailleurs : il faut beaucoup de chauffeurs pour conduire tous ces bus. Le gouvernement, actionnaire principal de la SNCF, fait sans doute le pari de réduire le chômage grâce à ce subterfuge, quitte à saborder la compagnie ferroviaire. Cette manœuvre rejoint l’emploi massif d’apprentis dans la fonction publique pour réduire le chômage des jeunes… sans leur donner un véritable emploi, en se fichant éperdument des désordres engendrés dans les services et aux dépens des carrières de ceux que ces postes intéressaient. Quel est le gain de tout cela ? Une réélection ? Combien de milliards dépensés bêtement, de pollution supplémentaire subie, de mal vivre pour tout un peuple, de gaspillage colossal d’énergie ? Ce ne sont pas les habitants du haut Allier qui sont fous mais ceux qui gouvernent aujourd’hui le pays ! En 2017, il serait salutaire de tous les envoyer dans la Lune… en bus !

http://www.defense-promotion-cevenol.fr/site/

http://usagers-transports.haut-allier.eu/

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Euro 2016, le coût du kif !

Le populos est ravi : on oublie tout, c’est la fête, canettes de bière et chips à volonté, écharpe tricolore, bob Cazanis et trompette en plastique… Allez la France ! ça fait un an qu’on se prépare, on va gagner, c’est obligé, ça peut pas être autrement… Ah oui ?

Au fait, footballeur de salon, est-ce que tu as compté combien ça te coûte d’être con à ce point ?

« L’Euro 2016, nous dit les Echos, c’est 1,64 milliard de travaux dans les stades avant la compétition, 835 millions de dépenses d’organisation ». C’est aussi 1,9 milliard de recettes attendues pour l’UEFA et 1,3 milliard pour les 10 villes hôtes, « ou encore 180 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires pour l’Etat ». Sauf qu’on vient d’apprendre que l’Etat fait cadeau de cette somme à l’UEFA en échange de sa contribution à la construction des stades (20 millions d’euros aux dix villes accueillant la compétition). Aucune taxe, aucun impôt sur les sociétés, aucune autre fiscalité française ne sera prélevée sur l’UEFA et sur ses filiales françaises, se gausse le Premier Ministre. Merci patron !

http://www.lesechos.fr/industrie-services/services-conseils/0203101037392-en-attendant-l-euro-2016-628381.php

Pourtant, selon l’Observatoire des gaspillages publics, les contribuables français ont déjà investi plus d’un milliard d’euros avant que commence le premier match. 24 millions d’euros seront dépensés pour assurer la sécurité des « fans zones » où va se masser la subtile et tendre crème intellectuelle du pays de Voltaire (soit, au passage, 14 millions de plus que ce qui était prévu au départ). Le seul stade de Lyon, capitale des gaules, est un gouffre financier que les habitants de la grande région n’ont pas fini de supporter. Le club est en plein naufrage, il perd plus de 25 millions chaque année et a emprunté dix fois cette somme pour s’offrir sa boîte à danseuses ! A moins d’être récupéré par un qatari en mal de reconnaissance ou par un mafiosi en rupture de stock, il n’a aucune chance de parvenir à payer sa dette et, au final, ce sera forcément le citoyen qui s’en chargera, qu’il aime ou qu’il déteste le foot… Les clubs de football professionnels espagnols montrent la voie : Champions toutes catégories, ils affichent une dette globale de 3,5 milliards d’euros dont plus de 700 millions de dette fiscale ! Mais peu nous importent, après tout, les bibliothèques et les hôpitaux que cet argent pourrait permettre de construire puisque le Real et l’Athletico étaient tous deux en finale de la Champions League cette année. Que demander de plus ? L’Angleterre par contre peut faire la grimace : berceau du football elle n’a rien gagné cette année et l’endettement global des 18 clubs de première ligue les plus menacés s’élève à 4 milliards d’euros…

http://www.observatoiredesgaspillages.com/2014/02/combien-va-couter-l-euro-2016/

Mais que les Français se rassurent, l’Euro est une bonne affaire puisque 2,4 millions de spectateurs sont attendus dans les stades et 6,5 millions dans les « fans zones ». Les organisateurs, dit-on, peuvent compter sur un retour de plus de 2,5 milliards d’euros. Soit 800 millions de bénéfices ! Pour la collectivité ? Que nenni, pour l’UEFA d’abord et surtout pour toutes les sociétés partenaires qui ont mis la main à la poche : celles qui ont contracté un partenariat public-privé pour la construction et la rénovation des stades, dont on sait qu’il est prévu un dédommagement de l’Etat en cas de gains inférieurs à ce qui est escompté, et celles qui participent à la fête. Les dix « partenaires globaux » : Adidas, Carlsberg, Coca-Cola, Continental, Hisense, Hyundaï-Kia, McDonald’s, Orange, Socar et Turkisk Airlines, font d’ailleurs rêver tant ils sont emblématiques du raffinement et de l’élégance qui caractérise le monde moderne. On sait combien ces sociétés sont respectueuses des hommes et de l’environnement et on est content de savoir que leurs actionnaires vont engranger des millions de dividendes en fin d’année grâce à cette « grande fête populaire ». On est content aussi pour la FDJ, le Crédit Agricole, la SNCF, la Poste qui ont dépensé plein de sous pour avoir leur nom en haut de l’affiche et on pense très fort à leurs salariés qui doivent être si fiers de leurs dirigeants. Je ne sais pas non plus si les mille « collaborateurs » recrutés par Proman pour l’occasion ouvriront le champagne au lendemain de la fête mais je sais que le patron de cette PME, lui, pourra aller dîner chez monsieur Hédiard le traiteur « exclusif » du village VIP…

Est-ce les Français sortiront gagnant de la compétition ? Évidemment non. En 2004, le Portugal a choisi de détruire les stades après la compétition parce que leur entretien devenait trop coûteux. L’Afrique du Sud, organisatrice de la Coupe du monde 2010, a dépensé 7 milliards d’euros (soit 30 % de dépenses de plus que prévu initialement), pour une recette de 3,7 milliards. La Grèce a consacré 5 % de son PIB pour les Jeux de 2004 et les installations sportives rouillent aujourd’hui au milieu des herbes folles. Les Grenoblois n’ont fini de payer leurs Jeux olympiques qu’en 1993 et les Canadiens, ceux de Montréal, qu’en 2006 ! On parle encore de 28 milliards d’euros dépensés pour l’organisation des Jeux de Londres dont, c’est sûr, les londoniens profitent énormément.

L’organisation de telles compétitions est si rentable que les villes de Strasbourg, de Nancy et de Nantes ont refusé de participer à la fête. Comme Rome, d’ailleurs, initialement tentée par les Jeux Olympiques de 2020. Le Brésil qui va enchaîner la Coupe du monde de football et les Jeux olympiques sera peut-être le premier pays à entraîner tout un peuple dans la ruine pour quelques paillettes et un petit instant de lumière…

Et en plus, pauvre cloche, pour regarder les matchs à la télé, il va falloir te payer un abonnement à une chaîne privée qui va te saturer le neurone de pub ! C’est vraiment la loose. S’en fout, tu prendras ça sur le budget d’éducation de ton fils, comme pour l’écran plasma ! Et comme c’est la fête et que tu as joué au loto ce matin, je te donne les salaires que touchent les joueurs de l’équipe de France. Comme ça, tu pourras mieux t’identifier à celui dont tu portes le maillot depuis trois jours en allant faire tes courses au Simply Market.

On s'en fout du foot !

Hugo Lloris : 416 000 euros par mois
Steve Mandanda : 300 000 euros par mois
Benoît Costil : 90 000 euros par mois
Bacary Sagna : 491 000 euros par mois
Christophe Jallet : 116 000 euros par mois
Laurent Koscielny : 366 000 euros par mois
Adil Rami : 200 000 euros par mois
Eliaquim Mangala : 458 000 euros par mois
Samuel Umtiti : 250 000 euros par mois
Patrice Evra : 291 000 euros par mois
Lucas Digne : 250 000 euros par mois
Paul Pogba : 375 000 euros par mois
Blaise Matuidi : 750 000 euros par mois
Ngolo Kanté : 291 000 euros par mois
Yohan Cabaye : 360 000 euros par mois
Moussa Sissoko : 458 000 euros par mois
Morgan Schneiderlin : 517 000 euros par mois
Antoine Griezmann : 460 000 euros par mois
Kingsley Coman : 166 000 euros par mois
Dimitri Payet : 600 000 euros par mois
Anthony Martial : 400 000 euros par mois
Olivier Giroud : 616 000 euros par mois
André-Pierre Gignac (le looser du groupe) : 83 000 euros par mois
Didier Deschamps (entraîneur) : 166 000 euros par mois

soit 7,8 millions pour les quatre semaines de l’épreuve…

Il y a aussi des primes pour l’Euro2016, offertes par la fédération :

Rendre populaire le gouvernement : 300 000 euros par joueur
Faire oublier la réforme du code du travail : 250 000 euros
Mettre fin aux grèves et aux revendications: 210 000 euros
Ridiculiser les mouvements sociaux : 165 000 euros

http://www.lemeilleurdufootball.net/international/euro-2016/euro-2016-les-salaires-primes-et-numeros-des-bleus/4373/

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