40000 fonctionnaires interdits de retraite

1.600.000 retraités vivent actuellement en France avec une pension inférieure au seuil de pauvreté.
Plus de la moitié d’entre-eux ont une pension inférieure à 650 euros mensuels.

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/retraites-je-vis-avec-650-euros-par-mois-et-je-suis-dans-une-misere-noire-temoigne-marie-7777026042

Cette situation concerne tous ceux qui n’ont pas atteint 120 trimestres de cotisation durant leur vie professionnelle. La décote est dans ce cas maximale, elle atteint 25 % de la pension théorique à taux plein. La pension nette reste donc  inférieure à 600 euros, par exemple, pour un salarié touchant 2000 euros par mois et ayant cotisé 25 ans.


A partir de 65 ans, l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) vient normalement à son secours à hauteur de 850 euros par mois. L’équivalent du seuil de pauvreté à 50 % du salaire médian.

https://www.notretemps.com/retraite/actualites-retraite/le-minimum-auquel-vous-avez-droit,i2398

Autant dire qu’aucun travailleur ne peut espérer partir à la retraite avec une pension raisonnable avant 65 ans malgré l’âge légal de départ fixé à 62 ans, ou 57 ans pour les catégories actives.

Il en va de même pour près de 40000 fonctionnaires dont la carrière n’est pas complète, soit qu’ils aient travaillé à temps partiel (pour s’occuper de proches, d’associations, d’ONG…), soit qu’ils sont entrés tard dans la Fonction publique, soit qu’ils aient connus des interruptions de carrière (pour suivre un conjoint par exemple).

Ces fonctionnaires âgés de 57 à 62 ans pourraient prétendre à leur retraite dès cette année selon leur corps d’affectation (actif ou sédentaire). Malgré plusieurs années passées à notre service et celui de l’État, qu’ils soient infirmiers, enseignants ou affectés à l’entretien des routes… ces fonctionnaires ne bénéficient d’aucun minimum garanti et se retrouvent donc avec des pensions misérables.

La conséquence, c’est qu’ils ne partent pas et restent en emploi jusqu’à ce qu’ils atteignent la « limite d’âge », soit cinq années au-delà du droit à pension. A cette condition seulement, un minimum de 1 138,13 € pour 35 années de service leur est par exemple promis en 2019.

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F13300

A l’heure où le gouvernement (comme celui qui l’a précédé et celui probablement qui suivra) souhaite réduire le nombre de fonctionnaires, il s’acharne à maintenir en activité des milliers d’agents arrivés à saturation. Est-ce une attitude intelligente ? Non. Les politiques vont supprimer des postes dans quasiment tous les secteurs et conserver 40000 fonctionnaires qui souhaitent quitter leur emploi ! Ils maintiennent de ce fait en poste des agents en fin de carrière, peu au fait des nouvelles technologie, souvent blasés et démotivés, traînant des pieds face aux changements et aux nouveautés, touchant des salaires au-delà de la médiane et s’empêchent par là même de recruter des jeunes bien formés, motivés et à faible salaire. Économiquement et socialement, le calcul est désastreux : l’État perd à la fois de l’argent (les cotisations sociales versées dépassent largement une éventuelle revalorisation des pensions) et de la productivité.

Garantir à chaque fonctionnaire, au-delà de 15 années de services rendus à la nation, une pension minimale de 60 % du salaire médian (seuil de pauvreté européen), permettrait au contraire de faire des économies, de rajeunir la Fonction publique et d’accélérer les réformes administratives, notamment le passage au numérique.

L’acharnement qu’ont les dirigeants du public comme du privé à maintenir les vieux dans l’emploi et les jeunes dans le chômage n’aura au final qu’un seul résultat, l’accroissement de la violence. Une violence sociale qui fera d’énormes dégâts, tirant toute économie du pays vers le bas, et qu’il serait pourtant si simple de prévenir par un peu d’intelligence et de respect.

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