La vérité sur la retraite par points

La retraite par point proposée par la droite est une expansion de la Retraite Additionnelle de la Fonction Publique en vigueur pour les fonctionnaires depuis 2005. Cette retraite additionnelle a été mise en place pour intégrer une partie des primes (importantes pour certains emplois, notamment pour les cadres) dans le calcul de la pension. Le site rafp.fr explique la démarche et tout ce qui s’y rattache.

https://www.rafp.fr/sites/rafp_fr/files/publication/file/plaquette_institutionnelles_2018_-_planches.pdf

En gros, la RAFP est un fonds de pension géré par un établissement public d’administratif (donc par un directeur) lui-même chapeauté par un Conseil d’administration où les riches sont bien évidemment majoritaires. L’ERAFP a d’ailleurs été distingué en 2017 par le prix du meilleur fonds de pension public européen. Son président est un retraité, certes, depuis avril 2019, mais président également du conseil de direction de la Banque de développement du Conseil de l’Europe, ce qui laisse imaginer la façon dont il conçoit le monde.

Comment fonctionne ce système de retraite par points ?

Le travailleur cotise chaque mois une certaine somme sur une part de son salaire (les primes pour les fonctionnaires, plafonnées à 20 % du salaire). La cotisation correspond à 10 % de cette somme. Cette cotisation donne des points, achetés au prix fixé par le gouvernement au moment de la cotisation (1,2317 euros le point en 2019). La retraite prise, ces points accumulés sont convertis en capital au prix de vente fixé également par le gouvernement, moins cher évidemment (1,1964 euros en 2019) . Dans le cas du versement d’une pension, le point est revendu au prorata d’une durée estimée de la retraite (0,04605 euros en 2019) sous forme de rente annuelle. Le retraité retrouve donc sa mise au bout de 25 ans de retraite, à 87 ans, et fait éventuellement du bénéfice au-delà. L’espérance de vie d’un français est, rappelons-le, d’environ 80 ans.

https://www.rafp.fr/le-calcul-de-votre-prestation-rafp

Outre le fait que le gouvernement tire un bénéfice sur la revente du point, argent dont la destination reste une énigme absolue, le fonds gonfle à vue d’œil car les cotisants restent plus nombreux que de pensionnés. Le rapport tourne autour de 1,5. 1,8 milliards d’euros ont ainsi été cotisés en 2018 pour 400 millions d’euros de prestations. Ce surplus alimente donc quotidiennement un fonds dont l’activité première est de spéculer sur les marchés boursiers. Avec des risques bien évidement, et la présence d’un service de contrôle des risques financiers (RFI) au sein de l’établissement témoigne qu’il s’agit bien là de spéculation à risque. Le RFI recrute d’ailleurs au moment où j’écris ces lignes un analyste des risques financiers senior… Puis-je suggérer le nom de Jérôme Kerviel ?

Ainsi, fin 2019, le fonds RAFP gérait près de 35 milliards d’euros d’actifs en valeurs boursières. Où vont les dividendes de cette spéculation qui ne sont pas reversés sous forme de rente au pensionnés ? Mystère. Que se passe-t-il en cas de dégringolade boursière comme en 2008 ? Mystère. La mise en place d’un système généralisé d’une retraite par point pour tout le monde aurait donc ce double objectif d’amener sur les marchés boursiers, donc entre les mains de spéculateurs professionnels (les fameuses banques d’investissement et leurs actionnaires, dont Goldman Sachs reste un emblème tutélaire) des sommes faramineuses d’argent public et d’éviter par là même en cas de faillite le dédommagement des travailleurs retraités.

https://www.senscritique.com/film/Goldman_Sachs_la_banque_qui_dirige_le_monde/8106695

Voilà le véritable objectif de cette réforme et voilà pourquoi les riches vont la mettre en place. Alors, syndicats, partis de gauche, manifestants de toutes les couleurs, au lieu de négocier je ne sais quel aménagement du taux catégoriel de je ne sais quelle branche d’une arrière boutique de la SNCF, balayons cette puanteur comme une vulgaire merde de chien et proposons autre chose au peuple français. Proposons qu’aucune retraite ne soit inférieure au seuil de pauvreté quelle qu’ait été la carrière professionnelle… Ce serait le début d’un rempart à opposer aux soldats de la finance. Les pauvres en ont grandement besoin et, au rythme où nous allons, ne doutez pas que nous serons bientôt des leurs.


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