Lundi 27 avril, grâce à la dénonciation d’un estimable « corbeau », nous apprenons que Agnès Saal, nommée par le gouvernement socialiste PDG de l’INA, organisme public de l’audiovisuel, a dépensé plus de 40000 euros de taxi en dix mois. C’est vrai, il faut l’avouer, que l’INA est située outre périphérique, à Bry-sur-Marne, à plus de 15 km du centre bouillonnant de la capitale. Autant dire au bout du monde, la banlieue !
http://www.ladepeche.fr/article/2015/04/28/2095543-presidente-ina-agnes-saal-presente-demission.html
Au coût moyen des taxis parisiens, cela représente plus de 30000 km de trajet, soit 100 km par jour, trois allers-retours Paris – Bry tous les jours de l’année ou 40 jours bloqué dans un embouteillage… Soyons tolérant, disons que Madame était généreuse avec l’argent du contribuable, qu’elle faisait deux allers-retours par jour et que son taxi mettait plus d’une heure pour parcourir la distance, ce qui est plausible compte tenu du trafic.
Mais nous découvrons que Madame disposait également à son poste d’une voiture de service avec chauffeur… On songe immédiatement à ce malheureux employé abandonné par sa patronne et je demande instamment qu’un comité de soutien lui vienne en aide car ce dut être douloureux de voir chaque matin Madame lui préférer le beau taxi chromé de la compagnie parisienne. Hélas, on sait aussi depuis Flaubert que les bourgeoises aiment voyager à l’arrière des taxis…
Notre élite de la République, qui a été, rappelons-le, directrice générale du Centre Pompidou, c’est dire le niveau culturel, tente de se justifier en avouant qu’elle a eu la maladresse de donner le code de réservation de la compagnie de taxis à son fils. Il ne s’est pas fait prier : 6700 km à lui tout seul ! Les copines ont dû être emballées ! Madame est-elle de ceux qui, comme Ségolène Royal, ministre socialiste, réclament plus d’instruction civique à l’école pour éduquer les enfants sauvages des banlieues de l’est parisien ? Évidemment, ce matin, Madame a démissionné de son poste. J’espère qu’une enquête plus poussée nous montrera que cet argent n’a pas servi à autre chose que des transports chèrement rémunérés par exemple pour financer une défaite électorale…
Il se trouve que j’habite moi-même non loin des bâtiments de l’INA et que je travaille à Paris. Nous nous croisons donc tous les matins et tous les soirs, Madame et moi. Sauf que nous ne nous voyons pas puisque j’utilise le RER comme le préconise le gouvernement, pour permettre à ceux qui ont une voiture de service payé par nos impôts de circuler plus librement. J’ai fait le compte : depuis que je vis ici, en dix années donc, j’ai dépensé 7523 euros de transport, soit trois fois moins que Madame en dix mois. Il est vrai que je ne voyage pas en première classe et que, citoyen responsable, je rentabilise l’espace avec mes collègues de Bry-sur-Marne. Nous mettons en quelque sorte en pratique la volonté générale des élus de densifier les zones urbaines !
Remarquez, même si j’avais voulu, histoire de dire que moi aussi je le vaut bien, je n’aurais pas pu prendre le taxi. Pas assez riche, mon fils ! 40000 euros, c’est le double de ce que je gagne en travaillant toute l’année. Je sais, ça fait marrer le fils de Madame, mais j’ai tout de même fait des études pour obtenir ce salaire. Pas autant que Madame, certes, mais tout de même, quelques années d’université publique. Et puis c’est décidé, dès septembre je m’inscris au concours de l’ENA. Je vais bosser comme un dingue pendant deux ou trois ans, promotion Diogène de Sinope, et après je postulerai sur un poste de PDG d’une entreprise publique. A l’INA, pourquoi pas, puisque le poste est vacant. Ah, ah, je ris déjà en voyant votre tête, entassé dans le RER comme dans un wagon plombé ! Allez, serrez-vous, bon sang ! Mohamed et Raoul aimeraient aller bosser eux-aussi, ils ont des impôts à payer ! Et Madame et moi avons besoin de cet argent pour notre taxi !